jeudi 2 juin 2016

Evil Dead (Remake)



    Ah qu'il est dur quand on se voit la lourde tâche de chroniquer un remake. Le cassoulet est d'autant plus lourd lorsque les consommateurs sont férus de la recette originale. C'est donc sans vergogne que je m'attaque au massacre annoncé du chef-d'oeuvre de Sam Raimi.

    Pour réussir un bon film d'horreur, la recette est simple. Tu crées des personnages clichés, à savoir : un beau gosse, une blondasse, un hippie qui découvre un objet cabalistique, une brune aux grosses loches avec des problèmes (la drogue c'est mal, m'voyez), cette dernière étant la sœur du beau gosse (on les verrait bien en couple d'ailleurs ces deux-là, mais désolé, il n'y a que dans le Nord que la Saint-Valentin est un événement familial...cela dit, en Amérique aussi : rappelle-toi Détour mortel), et enfin :
  • ...bah putain les gars, il nous manque un personnage...
  • Appelle le producteur..
    [bip]
  • Ouais, mec, il nous faut un dernier héros...Fille ou garçon, on s'en bran...
  • Fout un noir, sinon on va core avoir le conseil d'état sur le dos.

    Bref, tout ce petit beau monde décide de partir en vacance au chalet et, malheureusement, ils tombent sur celui qu'il faut pas. Antoine Daniel était donc un visionnaire (comprendront uniquement les geeks et le fameux "excepté une fois..."). Déjà, la raison de base de ces petites vacances est principalement d'aider la junkie (la sœur de Paul Walker version brun, tu suis?). Seulement, le hippie descend à la cave et trouve une sorte de livre démoniaque (par contre, le fait que le bazar soit emballé dans du cellophane et scellé avec du fil barbelé ne lui met pas la puce à l'oreille) dont il a la bonne idée de lire des passages. A partir de ce moment, tout est foutu. Car, comme par hasard, la junkie avait décidé de fuguer et se fait violer par un démon (bel hommage à la scène d'origine d'ailleurs) et devient elle-même...bah un démon. Malheur à tous ceux qu'elle mord, car ils deviendront eux aussi possédés!

    Bon, je me doute que tu connais déjà le synopsis et, si t'es un minimum passionné, tu auras déjà vu l'original. En premier lieu, je suis sûr que tu cherches à savoir si j'aime le film de Sam Raimi, donc je ne te ferais pas languir plus longtemps et OUI, j'aime ce vieux film tellement kitsch et exagéré qu'il possède un charme bien à lui. Et voilà, on y est : comment juger idéalement un remake?

    Pour répondre à cette question, il faut extrapoler le truc à ceci : Qu'est-ce qui fait un bon film d'horreur? Est-ce l'angoisse? Les jump scares? L'ambiance? L'histoire? Les acteurs? La production? Le contenu politico-social des sous-entendus islamistes sous-jacents via une intrigue ostensiblement national-socialiste?
Eh bien, comme je n'ai pas la science infuse, je te répondrais que tant que tu ressens quelque chose, c'est le principal. Une réponse somme toute succinte, voire bidon, mais si ça te plait pas, retourne te palucher sur une énième analyse métaphysique rédigée dans Première par un philosophe aux multiples complexes freudiens.

    Faut dire que j'ai su apprécier grandement certains remakes. Massacre à la tronçonneuse/Au commencement/Halloween. Et à chaque fois, c'était pour ce côté : on actualise le truc à grand coup de gore, de surenchère, sans tomber dans le commercial (bah oui, sinon faudrait faire dans le grand public, soft et -10 ans) et, en général, je trouvais les remakes aussi bons que les originaux tout en étant ostensiblement différents. Et une fois de plus, Evil Dead ne déroge pas à cette règle..mais en moins bien quand même.

    Des effusions de sang, t'en as à tout va, ça fait plaisir, c'est plus thrash que l'original et on sent que les moyens du bord sont bien exploités. Seulement voilà : on perd en charme, car pour moi, une des forces de l'original, c'est le côté kitschissime assumé de ce genre de scènes (un peu comme le vieux heavy metal français). Et du coup, sans me déranger outre mesure, ça me fait douter malgré moi de mon intérêt pour la chose. Alors comme j'ai dit plus haut, comme dans chaque remake de ce type, exit l'ambiance malsaine au profit des effusions de sang, voire même des jump scares ou de l'angoisse. Mais à ce moment-là, il faut se demander si une ambiance bien cradingue ne rend pas justement le bazar utilement angoissant (je ne sais pas si c'est très clair, mais si tu me comprends, je te paye une bière). En tout cas, pour les autres remakes précités, je n'ai pas eu à me poser ce genre de question, tandis qu'ici, j'ai l'impression d'être sur scène dans la peau de Gilbert Montagné.

    Bon, après, sans être ivoirien, faut tout de même admettre qu'il est vachement bien réalisé (putain cette scène où la gonzesse s'ouvre la langue au cutter, ou encore l'arrachage de bras sous la voiture...Il y en a tant d'autres!). En fait, ce qui me fait pencher pour le bon côté de la balance, c'est aussi toutes ces références à l'original, un peu comme si les mecs assumaient totalement l'hommage à Sam Raimi plutôt que le côté commercial du truc. Déjà, dès le départ, tu as le décor très similaire à l’orignal, puis directement tu tombes sur le fameux banc en bois devant le chalet (malgré le fait qu'il ne claque pas). Enfin, la fameuse tronçonneuse putaiiiiiin!! Ça me fait plaiz ce truc!!! Et enfin, le meilleur clin d’œil du film : la superbe illustration rappelant l'affiche originale. Du coup, j'avoue avoir été assez charmé.

    Par contre, on ne saura jamais si c'est un remake du premier ou du second film. En même temps, le second volet est un peu un remake du premier, donc on serait en droit de penser que la version 2013 est en fait un remake des deux premiers opus en même temps.

    Bon, je vais conclure là car je te vois qui baille derrière ton écran!

    En gros, c'est une réussite (malgré mon côté ronchon, mais va falloir t'y faire car on est un peu comme ça chez Bière Witch) quand on part du principe qu'un remake est forcément à chier, mais dommage car l'ambiance et le côté kitsch sont une fois de plus relégués au second plan au profit d'une surenchère d'hémoglobine. Malgré tout, ça actualise le truc et c'est franchement pas désagréable.

6/10


Franz

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