Si
réaliser une sex tape n’est pas fondamentalement l’idée la plus
débile du monde, je pense que ça nécessite un peu de préparation.
S’épiler un petit coup, réviser son trash talking, se vidanger
vite fait dans la douche une demie heure avant…bon, j’imagine que
vous savez de quoi je parle hein. Le film Sx Tape est, par contre, de
très loin le plus mauvais éclair de génie cinématographique sur
le sujet. Et j’ai perdu 1h20 de ma vie pour en torcher ce papelard
virtuel.
Alors,
qu’on soit clairs tout de suite : j’aime beaucoup les found
footages. Je me remets encore difficilement de la claque Blair Witch
1 et plus récemment, le premier [REC] m’a fort bien plu. J’aime
l’idée d’une caméra embarquée, en plein cœur de l’horreur.
On laisse tomber les effets spéciaux, la technique et on se
concentre sur la terreur comme si on la vivait nous même. Rajoutes
moi une fin ouverte ou mauvaise (dans le sens « pas joyeuse ») et
je suis aux anges. Après, il y a des ratés. J’ai vu d’énormes
merdes comme Episode 50 ou Paranormal Activity 2/3/4, des Agnosia ou
des Tchernobyl qui ne laissent plus place au doute quand au fait que
ce courant s’est vite fait infester de plein de réals qui veulent
se faire du flouze sans trop bosser, et que pire encore, le public
suit le mouvement dans les salles obscures. M’enfin, je range mes a
priori de côté et j’entame le visionnage de Sx Tape, que je ne
connaissais ni d’Eve ni d’Adam (lel c’est le prénom du héros).
Y’a
pas à chier, ça démarre très mal. Entre les maux de tête qui se
pointent après même pas 10mn de film, Jill, cette espèce de cliché
d’artiste délurée aussi intéressée par la zigounette que par
l’eye-liner d’Avril Lavigne, et les espèces de dialogues
pseudo-salaces, je sens vite que ça va me gonfler. Ne parlons pas de
ces incroyables POV (je sais que vous savez) tellement softs qu’ils
feraient débander un gang de taulards lâchés en plein salon de
l’érotisme avec des pass VIP autour du cou.
Passons
vite fait en revue le « scénario ». La gonzesse est artiste, le
mec in love de sa caméra, et lui propose tout naturellement de faire
du repérage dans des lieux propices à être rénovés pour être
transformés en galeries d’art, et ainsi faire sa promo. Pourquoi
pas. Sauf que les tourtereaux choisissent un ancien hôpital
psychiatrique pour femmes abandonné. Pendant qu’ils philosophent
sur son perron à grand coups de « putain je suis chaud t’es bonne
on va le faire bébé », un flic arrive pour les appréhender (le
lieu est évidemment interdit au public) et le couple s’enfonce
dans les entrailles du bâtiment pour lui échapper.
Et
maintenant, place à l’action ! Après une petite promenade, ce
qu’on imagine être un esprit possède la nana dans une séquence
hyper mal foutue et…….bah globalement rien de plus quoi. Elle se
met à saigner du nez en mode random, dit qu’elle veut partir, ils
sortent, se font enlever leur bagnole par la fourrière, appellent
des amis, les amis arrivent, discutent un peu dans la voiture
et…décident de retourner à l’hôpital pour s’amuser. Ah,
qu’ils sont cons ces jeunes ! A l’intérieur, festival de fake
scares complètement péraves (« oula mon pied a tapé dans un seau
! » « Waouh, on a presque entendu une porte se fermer 4 étages
plus bas, j’ai peur ! ») accompagné d’épistaxis ++, de paroles
salaces ++ et une chose en entraînant une autre, Jill décide
d’aller s’envoyer en l’air avec le gars (en couple avec la pote
de Jill). Son caméraman de mec la retrouvera, seule, quelques temps
plus tard, et en pleurs. Sinon bah entre deux, on a vu des couloirs.
Et du vide. Le couple va rechercher les deux autres personnes et se
perdre, non sans apprendre qu’une patiente lambda a été
lobotomisée alors qu’oseb grave. On recroisera l’esprit une ou
deux fois, ce sera hyper mal filmé, et comme ça manque de moyen la
caméra fera style de déconner. On aura pas peur une seule putain de
fois. Et on se fera royalement chier. Au passage : putain mais
qu’est-ce que je peux détester ce cliché de merde qui fait qu’on
entend quasiment toujours une fillette fredonner une comptine dans un
film d’horreur et/ou d’esprits/fantômes. Ca devient lourd les
mecs, arrêtez. Ah, et sinon, Jill se refera posséder de plus en
plus en souvent, elle va dire de la merde, engueuler son mec, appeler
les secours via un téléphone hanté (j’ai pas compris, j’ai pas
d’explications, le film non plus), s’énerver et tirer une balle
dans la tête de son mec, qui saura continuer à parler et sourire
pendant encore un moment (j’ai pas compris, j’ai pas
d’explications, le film non plus). Je hais ce film.
J’ai
également une aversion sans nom pour cette espèce d’obstination à
essayer de rendre le film trash par tous les moyens. Nan, voir un
téton ça transforme pas ton étron en film de boule. Nan, une
gonzesse bien propre sur elle qui lance un « attache-moi » entre
deux vannes et un sourire aux lèvres, c’est pas une scène SM. Et
nan, ça n’a pas l’air ultra dark et malsain parce que le tout
est filmé dans une pièce moisie (au sens littéral du terme). De
long en large ça reste hyper clean et aseptisé, tout en essayant de
vous faire gober le contraire. Le concept de soft-POV déjà ,
chapeau, et les rares scènes de « cul » qu’on voit sont trop
gratuites et forcées et tellement en inadéquation avec le truc. Je
baise avec le mec de ma pote et puis je le regarde baiser sa meuf et
il me rebaise pendant qu’elle regarde alors qu’elle est pas
possédée et que c’est absolument pas son délire, et tout ça
sans aucune raison. En gros. La scène finale aussi, allez. Mais à
cette époque où le môme random de 13 ans a déjà vu plus de
gangbangs interraciaux sur le Net que moi, qui sera vraiment choqué
par ces scènes ?
Bref,
je n’ai que trop bavassé sur ce film de merde, surtout
paradoxalement à la note que je vais lui infliger. Aucune tension,
aucune angoisse pour un film techniquement aussi effrayant que
Forrest Gump. A mater avec sa gonzesse en guise de teaser avant
d’enchaîner sur sa propre Sx Tape, mais cela « ne nous regarde
pas », comme disait l’autre !
1/10
Axhell
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