samedi 13 février 2016

Martyrs


    Loin de moi l’idée de croire que je puisse avoir une quelconque culture dans le cinéma d’horreur. Tellement de genres/sous-genres, tellement de films à mater et si peu de temps devant nous qu’à condition de se gaver comme une oie de péloches, il est impossible de couvrir au moins la moitié des sorties.

    Il fut un temps où j’étais ignare par contre. Ca, je peux l’affirmer haut et fort. Un temps où, pour moi, le film Français rimait quasi automatiquement avec Taxi/Banlieue 13/Yamakasi ou le film d’auteur en N/B. Rien au milieu. Et un jour, un peu avant d’avoir 20 ans, j’ai découvert Alexandre Aja avec Haute Tension, Gaspard Noé avec Irréversible, Maury/Bustillo avec A L’intérieur et évidemment Laugier avec ce film, Martyrs.

    Dire qu’il a marqué mon cœur de cinéphile à vie est tellement en deçà de la vérité, tellement insuffisant et faible…c’est vous dire si les cicatrices me marquent encore, quelque chose comme 8 ans après.

    Une petite fille, régulièrement torturée par une femme plus agée, réussit un jour à s’échapper. Elle passe les 15 années suivantes de via dans un orphelinat, à essayer de se reconstruire. Encore plus tard, elle reconnait sens anciens agresseurs par hasard, dans un article de journal, et décide d’aller leur rendre une petite visite pour leur faire payer. Au fur et à mesure du film, nous apprendrons l’existence d’une secte/organisation religieuse (rien de bien différent au final), apparemment instaurée depuis quelques temps et ayant pour but la martyrisation de jeunes femmes. Tout cela en vue d’obtenir de précieux renseignements sur l’ « autre monde ».

    1ère grosse scène, 1ère grosse claque. J’avais jamais vu un gosse se prendre un coup de shotgun dans le buffet, et filmé d’aussi prêt. Du moins pas dans un film. C’est dire si la violence présentée dans ce film est quasi barbare. Les actrices sont constamment couvertes de sang, et entre les coups de feu, les meurtres/mutilations à l’arme blanche et les séances de tortures… A cette violence graphique s’ajoute évidemment une noirceur plus insidieuse, plus psychologique. Laugier disait que le film était censé faire « réfléchir » les téléspectateurs. Et naturellement, on en vient à se positionner quand à l’activité d’une secte comme celle-ci, organisée, semblant rassembler une élite bourgeoise ayant un certain contrôle sur les institutions alentours. La torture n’est pas que physique. J’adore l’idée d’une représentation graphique d’une hantise refoulée ou non chez l’être humain. Ainsi, une créature issue de l’imagination et de la culpabilité de l’héroïne la poursuit sans relâche.

    Les actrices donnent tout ce qu’elles ont. Entre la tête pensante de l’organisation, (look alike de De Fontenay complètement illuminée, habitée par son discours et au final pétée de charisme malsain) et ces deux petits bouts de femmes que sont Anna et Lucie, constamment en train de hurler, les mains et le visage couverts de sang, mais dont la paradoxale fragilité émeut davantage.

    Je pourrai continuer encore longtemps… La scène finale est un dernier coup de poing qui saura vous mettre à mal une fois encore, tant elle est frustrante.

10/10, l’évidence même.


Axhell

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire